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L'Embrunman 2006 en spectateur

Publié le par Cyril

Réveil à 4h pour me rendre au départ de l’Embrunman. A 6h, alors qu’il fait encore nuit, plus de 900 concurrents s’élancent dans une eau à 17°.  Parmi eux, l’élite est bien représentée pour cette 23e édition : Felix Martinez (vainqueur des 4 dernières éditions et partant pour  5e sacre), Kieran Doe (3e de l’Ironman de Roth), Reinaldo Colluci (3e l’année dernière à 20 ans, et vainqueur du LD de Lorient), et une très belle délégation française avec entre autres Hervé Faure, François Chabaud, Xavier Lefloch, Patrick Bringer, René Rovera… Se présente aussi parmi tous concurrents notre Patrick national, inquiet semble t’il pour son premier Ironman, et d’autant plus que le temps est très frais et l’eau bien plus froide qu’à l’accoutumé. La météo annonce en plus de la pluie en fin de journée…

Au premier tour de natation, le rythme imposé par Doe semble rapide et sur les bases du record détenu par Cyril Neveu. Le soleil a fait entre temps son apparition et c’est impressionnant de voir passer cette marée humaine aux pieds des montagnes de l’Embrunais. Impossible de distinguer Patrick pour l’instant, et je suis inquiet en pensant à lui : lorsqu’on assiste à cette épreuve on ne peut pas s’imaginer un instant à la place des concurrents sans ressentir des sentiments très forts, qui s’apparentent souvent à de l’angoisse, mais aussi du respect, voire de l’admiration. Jusqu’à présent j’étais du côté des participants : aujourd’hui je les contemple, et je comprends mieux les appréhensions des personnes qui nous encouragent sur ces épreuves, un peu hors du commun.

C’est au bout de 45’ que Doe sort en tête de l’eau. Patrick sort 30’ plus tard, très marqué et visiblement bien attaqué par la fraîche température de l’eau. Nous voilà malgré tout rassurés avec Béa de le voir courir jusqu’à son vélo pour effectuer sa transition : une transition soignée pour bien se sécher et tenter de se remettre des 3800m de natation (il nous expliquera par la suite que le deuxième tour dans les eaux du lac a bien failli venir à bout de son organisme). Après avoir frôlé l’hypothermie, le voilà donc parti sur son Trek pour les 188km de vélo.

A l’avant ça bataille sec, et à l’approche de Guillestre, la radio RAM, qui retransmet en direct l’épreuve, annonce que 10 triathlètes sont au coude à coude : à ce stade de la course, jamais les écarts n’ont été aussi serrés et la compétition aussi palpitante. Je le rejoints (à voiture, cela va de soi !), dans les gorges du Guil, et profite des premières difficultés pour effectuer quelques photos : Xavier Lefloch prend les reines de la course et fait exploser le groupe à l’approche de l’ascension de l’Isoar, ce qui amène à l’abandon de Doe. Je décide de me positionner à la sortie d’Arvieux avec la famille pour encourager les concurrents et pour attendre Patrick. Béa se tient en haut de l’Isoar à 2360m où la température ne dépasse pas les 8°. Nous encourageons chaque participant et les enfants sont adorables : leur joie et leur cris semblent donner le coup de pouce qui va bien juste avant les lacets de la montée. Alors que les premiers avalent la pente dès 9h48, le défilé des cyclistes n’a de cesse jusqu’à ce qu’un premier concurrent nous passe en marchant : il est 11h. Eh mais c’est Fred Lam : « allez Fred, courage » « ça va je récupère et je repars », tout va bien donc pour lui, contrairement aux apparences. Patrick arrive 20’ plus tard : bien qu’il soit en retard sur le timing, le tempo est bon. Nous arrivons à le suivre en voiture, l’occasion d’immortaliser cette ascension mythique : lacets sur les hauteurs d’Arvieux, passage dans la case déserte, et derniers lacets jusqu’au col, Patrick grappille de nombreuses places dès que la pente s’accentue. Nous voilà réunis au sommet à 12h pour une pause casse-croute, à laquelle manque Béa : j’ai beau faire un aller-retour pour la chercher avec les enfants, rien n’y fait. Patrick repart dans la descente sur Briançon. Nous le rejoignons au bout de quelques kilomètres pour assister à une sa descente jusqu’à Briançon, histoire aussi de récupérer son coupe vent. Coup de téléphone à Béa : elle nous rejoint sur Champcella pour une séance de rattrapage et ainsi assister à la montée du Pallon. Cette fois c’est bon Aurélien, Elodie et Béa peuvent encourager leur héro : on en a bien besoin dans cette terrible côte de 800m, au dénivelé à faire tomber la tête dans les mollets. Et dire qu’à ce moment-là les premiers ont déjà bien entamés la course à pieds.

C’est Xavier Lefloch qui réalise le meilleur parcours cycliste, avec Colluci, Faure, et Chabaud en embuscade, le plus frais semblant Hervé Faure.

En rejoignant Embrun on a la chance de croiser à nouveau Patrick lors du croisement de la nationale en dessous de Réotier. Nous prenons ensuite la direction du parc à vélo : Patrick, après le passage au Chalvet, arrive sur les coups de 15h40. Le temps de faire son changement de tenue, et de le voir parcourir les premiers mètres, je me dirige vers la ligne d’arrivée pour voir Hervé Faure gagner l’épreuve en signant le nouveau record de l’épreuve : 9h54’. Il est suivi de Colluci et de  Chabaud qui réalise une belle remontée en seconde partie de marathon, remontant ainsi Lefloch. Martinez est relayé à la 5e place, ne réalisant pas du coup la passe de 5. Face à ce plateau relevé, la victoire du Français est d’autant plus remarquable que son record.

De son côté, Patrick semble bien passer ce début de parcours : je le croise dans la montée d’Embrun ou il trottine, là où les autres marchent.

En attendant de le revoir pour son deuxième tour au passage du parc, nous prenons un rafraîchissement accompagnés de Philippe, qui a pu croiser Patrick après Champcella. On se met déjà dans la perspective de Roth 2007, embaumés par la perspective de participer à l’épreuve, et surtout de pouvoir réunir une bonne partie du club pour cet événement … et pourtant c’est dans 10 mois.

17h42 : Patrick passe devant nous, sous les applaudissements de ses fans et du public très présent à cet endroit. Après avoir bouclé son premier tour aux alentours de 2h, les nuages nous laissent penser que la pluie ne va pas tarder. Nouveaux encouragements après avoir fait un tour de lac : les signes de fatigue sont apparents et Patrick renonce à courir à ce moment de la course. Il m’apprend par la suite que c’est depuis le kilomètre 17 qu’il se sent épuisé et complètement vidé. J’entreprends de le rejoindre au km 29 : il est lucide et trouve le moyen de déconner, mais n’arrive pas à courir pour autant. On marche ensemble un bout de chemin, sous la pluie qui se fait de plus en plus forte. C’est aussi ma manière à moi de finaliser avec lui cette épreuve que l’on avait entrepris ensemble depuis le mois de mars, et à laquelle j’ai du renoncer suite à ma chute à vélo. Finalement on se met à trottiner à la sortie de la digue. Sur la route qui mène à Baratier, Patrick trouve la force de courir et de stabiliser sa place, mieux de remonter quelques concurrents. Pas à pas, sa victoire approche : sous la pluie, avec le froid, et bientôt dans la nuit. On retrouve les filles et les enfants avant d’effectuer l’ultime tour du lac, le temps de se poster sur la dernière ligne droite. Le voilà qui arrive épuisé, vidé et heureux de pouvoir franchir la ligne à 20h50 avec ses deux pitchouns.

Bravo à toi pour avoir eu la force d’aller jusqu’au bout de la ligne, et surtout jusqu’au bout de toi-même.

En ce qui me concerne, j’ai eu un plaisir fou à participer à l’Embrunman en tant que spectateur. J’ai souvent eu la chance d’être aux meilleures loges et de pouvoir effectuer 1h de film, et de belles photos. Cela m’a bien consolé après la déception de ne pouvoir participer à l’épreuve comme prévu, suite à ma chute à vélo. J’ai aussi pu évaluer la difficulté de l’épreuve avec un regard extérieur et beaucoup de recul. Je ne sais pas si je reviendrai un jour sur cette épreuve, car après l’avoir effectué en 2000, je me rends d’autant plus compte de l’expérience qu’il faut pour arriver à atteindre son objectif sur une telle épreuve : il y a tellement de facteurs aléatoires qui peuvent amener chaque concurrent à avoir un coup de pompe, voire à abandonner. Du coup de préfère pour les années qui viennent m’aligner sur des épreuves au profil plus modeste, et avoir un temps référent sur Ironman. En avant Roth pour 2007 !

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F
Merci pour ton petit clin d'oeil et tes encouragements, premier à poser le pied à terre, j'aurai au moins eu une place de number one sur Embrun mais heureusement la machine est repartie et jusqu'au bout . . . . . . certainement une prochaine fois Embrun tellement cette course est forte et belle.
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